Epargnée par Xynthia, la Provence n'est pas à l'abri des tempêtes
Quand la houle et le vent sont au diapason, la mer inonde la Corniche Kennedy, à Marseille, dont le bitume se trouve pourtant plus de 10m au-dessus des flots.
Photo Bruno Souillard
Épargnée par Xynthia, qui a surtout sévi le long de l'Atlantique et - sans gros dégâts - sur une large moitié Nord de la France, la Provence n'est pas pour autant à l'abri des tempêtes exceptionnelles.
En décembre 1999, quand des vents de 150 à 200 km/h avaient balayé les plus beaux massifs forestiers du pays, la côte varoise avait ainsi essuyé un mémorable coup de tabac, mais sans les conséquences désastreuses observées au nord d'un axe Perpignan/Grenoble.
Pourquoi les mêmes causes ne produisent-elles pas, ici, les mêmes effets qu'ailleurs dans l'Hexagone ? "Dans la région, explique Jean-Charles Lopez, du Centre interrégional de Météo France à Aix-en-Provence, les épisodes de vent avec des rafales supérieures à 100km/h se produisent plusieurs fois par an. La végétation et les bâtiments sont donc mieux préparés à ce type d'événements."
L'absence de marées en Méditerranée et le profil topographique du littoral entrent également en ligne de compte. Hormis en Camargue et sur une partie des côtes languedociennes, la mer se heurte en effet à des rochers et ne peut guère s'étendre à l'intérieur des terres, même en cas de grosse tempête.
Pour autant, des épisodes comme celui qui vient de ravager la Vendée et la Charente-Maritime peuvent très bien se produire sur la façade Méditerranéenne et causer de gros dégâts sur la bande littorale. "Le 24 janvier 2009, rappelle Jean-Charles Lopez, une forte tempête avait traversé le pays et neuf départements avaient été placés en vigilance rouge, pour la première fois depuis la création de ce système d'alerte imaginé après les tempêtes des 26, 27 et 28 décembre 1999."
À cette occasion, des vents proches des 200 km/h avaient été enregistrés dans la région de Perpignan et au sud de la Corse, causant d'importants dégâts le long des côtes. En remontant plus loin dans le temps, on trouve la trace de violentes tempêtes sur tout ou partie du pays à intervalles relativement resserrés.
Selon les archives de Météo France, des épisodes de très forte intensité ont été enregistrés en 1896, 1948, 1967, 1969, 1976, 1978, 1997, 1990... l'année dernière, deux tempêtes majeures se sont ainsi produites à trois semaines d'intervalle : le 24 janvier sur la majeure partie du pays et le 10 février sur une large moitié Nord.
Aucune des deux n'a toutefois sévi avec un coefficient de marée aussi fort que dans la nuit de samedi à dimanche sur l'Atlantique. C'est la conjonction de ces deux phénomènes qui confère à Xynthia son caractère exceptionnel.
Hervé Vaudoit
la provence.com