l'histoire des misilles
LA GENESE DE LA DISSUASION FRANCAISE A la fin de la seconde guerre mondiale, comme les américains et les soviétiques, les Français accueillent des ingénieurs et techniciens allemands ayant travaillé sur des fusées. A partir de 1946, le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamique LRBA de Vernon dans l'Eure étudie des engins dérivés de la fusée V2 dont la fusée sonde Véronique pour l'étude de la haute atmosphère. En 1949, ce programme permet d'expérimenter des moteurs fusées employant différents carburant solide et liquide et de développer des systèmes de guidage et de pilotage. En 1958, suite aux accords de Nassau 6 signés entre la Grande Bretagne et les USA, le général de Gaule, nouvellement élu décide de développer à partir de l'industrie nationale une "force de frappe" purement française. Par cet accord les Britanniques viennent de tuer leur industrie spatiale, en même temps qu’ils subordonnent ses forces d’attaque à celles des U.S.A. De Gaule évince dans le même temps les forces américaines du sol français et abandonne dans l'été 1960 toute coopération avec l'OTAN en matière de missiles stratégiques. Le programme de force de frappe est présenté en novembre 1959. Les efforts sont rapidement récompensés avec l'explosion de la première bombe atomique française "Gerboise bleu" le 13 février 1960 à Reggane dans le Sahara Algérien. La Force Nucléaire Stratégique FNS est clairement définie. Le 23 février 1962, le conseil de défense arrête la décision de construire un missile balistique sol-sol SSBS tiré d'un silo et un missile mer-sol MSBS tiré depuis un sous marin. Ces deux types de missiles se positionne entre les Mirage IV porteur de bombes atomiques et les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Lé réacteur nucléaire des sous marins sera construit à Cadarache, dans l'usine du CEA près de Manosque. Le système SSBS est réalisé dans le cadre de l’organisation Athéna, dotée d'un comité directeur présidé par le Délégué ministériel pour l'armement, d'un groupe opérationnel présidé par un général de l'armée de l'Air et d'un groupe technique présidé par un ingénieur de la Direction technique des engins, directeur du programme Athéna. De nombreux sous-groupes, créés à l'initiative de ces deux groupes, complètent l'organisation. La SEREB assure la maîtrise d'œuvre d'ensemble du système. Le premier système SSBS – dit S1 puis S2 – a pour objectif une mise en service à la fin de 1968, ce qui impose de retenir pour les techniques clés les solutions qualifiées ou en cours de qualification sur le programme EBB : En février 1962, on définit un missile à deux étages à poudre de 16 et 10 tonnes (P16 et P10), séparé en vol par pressurisation et guidé par inertie de manière à respecter l'objectif de portée à plus de 3000 km. Le S1 devient le S2, 14,8 m de haut pour une masse de 32 tonnes. Avril 1962, premiers essais des étages dans les installations du CAEPE près de Bordeaux et en 1965, premier tir du S112 (12,6 m de long, 1,5 m de diamètre et 25 tonnes) à Hammaguir en Algérie, le 23 octobre. Il sera suivit d'un second tir le 3 novembre. Les essais de qualification en vol sont progressifs: tirs en surface puis en silos, mono-étages simplement pilotés, puis bi-étages, essais de la version S112 avec un étage de 10 tonnes (4 tirs en 1966-67), S01 équipé de deux étages de 10 tonnes (8 tirs en 1967-68) et S02, le prototype du S2 (7 tirs en 1968-71), qualification en vol du vecteur, puis des équipements de la charge (hors matériaux nucléaires naturellement). Le taux d’échec en vol est élevé à cause de la propulsion principalement. Sur un total de 27 tirs de développement dont 8 du S2, il y a 14 succès et 13 échecs. De ces études et essais sortira le premier lanceur spatial français Diamant, dérivée des Vesta qui met sur orbite le premier satellite français Asterix le 26 novembre 1965. Dotés d’un second étage inerte, les deux premiers essais en vol du missile S112 commencent depuis le pas de tir algérien d’Hammaguir en octobre et novembre 1965, dans le but de qualifier le propulseur solide de 10 tonnes de poussée à quatre tuyères. Les essais se poursuivent en 1966 au CEL des Landes. Cinq tirs du missile S112 sont effectués depuis un silo en béton entre février 1966 et mars 1967. En juillet 1967 commencent les essais du missile S01 bi-étages comportant deux propulseurs de 10 tonnes à poudre, six tirs validant le lanceur, deux la charge atomique. Doté d’un propulseur à poudre de 16 tonnes, le missile S02 effectue ses essais au CEL, avec douze tirs, de 1968 à 1973. Sur un total de 27 tirs de développement, il y eut 14 succès et 13 échecs. Au cours de la vie opérationnelle du S2, il est procédé à sept tirs d'exercice, dont cinq furent des succès, toutes les versions jusqu'au dernier tir de S2. Le missile S2 dans les ateliers de l'Aérospatiale et en vol à Biscarrosse. |
LES PIERRES PRECIEUSES
Au début des années 50, les autorités Françaises avaient mesuré le caractère indispensable de posséder une force de frappe dissuasive autonome. En 1951, le gouvernement Bourgès-Maunoury se prononça en faveur des missiles stratégiques. Puis en 1954, c' est Pierre Mendès France qui lance le programme atomique Français militaire. Le refus des deux grands a renoncer à la course au armement avait fait pencher la décision de la France pour une force dissuasive. Financée à l' origine par le ministère de la défense, la SEREB va resté jusqu' en 1970 avant la fusion avec Nord et Sud Aviation pour créer l' Aérospatiale, le fer de lance de la réflexion française en matière balistique. Outre les programmes de missiles sol-sol et sol-mer, elle explorera les avantages et les inconvénients de la propulsion liquide et à poudre, tout en améliorant les techniques de guidage et de pilotage des lanceurs. Travaillant dans un premier temps pour le militaire et et en "cachette " pour le spatial, la SEREB "officialise" son activité spatiale en 1961. Quand le général de Gaule décidera de quitter l' OTAN en 1964, la SEREB sera obligée de développer toute seule de nouveaux missiles ainsi que leur système de guidage auparavant fournit sous licence par les Américains. Septembre 1961, la France décide de réaliser un lanceur spatial. Dans ce but, la SEREB avait développé des véhicules d' essai dits VE qui portaient un numéro à trois chiffres, le premier indiquant le nombre d' étages, le second le mode de propulsion à poudre ou liquide et le dernier la présence ou non d' un système de guidage. A ces véhicules des noms de pierres précieuses ont été donné, Agate, Topaze, Rubis, Emeraude et Saphir.
Topaze VE 111 apporte des solutions aux problèmes de la mobilité des tuyères pour le pilotage en déviant le jet des moteurs. Placé sur Emeraude, il devient Saphir VE 231. Dans le programme militaire initial, la fusée VE-231 Saphir doit permettre d'expérimenter les techniques de pilotages, de séparation entre le premier et le deuxième étage, de guidage et de rentrée dans l'atmosphère de la tête de mesure. Trois tirs sont réalisé entre juillet et octobre 1965 avec un échec (second tir).
La SEREB pense qu' en associant à Saphir un 3eme étage on pourrait créer un lanceur de satellites capable de satelliser 50 à 80 kg à 200 km. Cet étage entièrement nouveau avec une structure en fibre de verre bobonés et à poudre, il fallait le créer. Le premier Diamant est lancé le 26 novembre 1965 avec dans sa coiffe A1, une capsule technologique de 47 kg témoin de la réussite française. Malheureusement la presse ne fut pas le témoin de l' exploit, la peur d' un échec à la veille des élections présidentielles ayant inquiété l' Elysée et "militarisé" l' évènement. Quatre Diamant sont lancés d' Hammaguir. La seconde le 17 février 1966 pour satelliser Diapason, la troisième et quatrième les 8 et 15 février 1967 pour lancer Diadem 1 et 2. |